Au fond, ce n'est qu'un ressac un peu plus doux, qui use et lave les marches de mon perron. Des amis vont et viennent et je vais chez eux. De vrais amis, qui bavardent en musiciens, trillent et montent la gamme, jusqu'au silence propice d'où monte la note juste, tenue jusqu'à la rupture, jusqu'à ce qu'il redevienne convenable de s'esquiver, de dérober la faille en un haussement d'épaule.
Les failles? Si nous n'avons pas les mêmes, nous en avons le même nombre, la même ironique mesure. Et il est bien rassurant que nous ayons presque tous atteint la possibilité de rire de nos passions sans cesser d'en éprouver.Nous nous nourrissons les uns les autres, d'une maison à l'autre, et le vin tient moins lieu d'ivresse que de lien fluide. Comme d'autres vertus réconfortantes, l'hospitalité reçue ne se rend jamais en lieu et place. Je ne te rendrai jamais la vue de tes collines, ni à toi, le curry chaud et parfumé, le plaid moelleux sur tes épaules. C'est un autre que tu emmèneras pêcher, c'est au suivant que j'offrirai le café et c'est de lui que je recevrai le moment mystérieux qu'il aura absorbé d'une histoire ailleurs déroulée.
C'est l'été des amis, une vacance en méandres, une broderie espiègle aux points lâches et solides, où il faut avoir l'œil aiguisé pour s'apercevoir que cette main là a resserré le mousqueton, cette autre-ci glissé un discret tuteur, la consoude sur la brulûre, l'eau fraîche à la plante.
Amis, passeurs de balles, grains de komboloï...
3 commentaires:
Ce billet me va bien.L'ami, le vrai, est bien celui qui resserrre le mousqueton, sans rien attendre en retour que le plaisir de l'avoir fait.
Y en a même qui promette un voyage sur certaines îles pas lointaines et qui ne tienne pas parole mais bon il y aura d' autres vacances .....mais quel beau billet .
que c'est joli ...c'est exactement ce que je ressens, et tu l'as tellement bien tricoté. la photo aussi. Au plaisir de te servir un jour un café chaud ou un thé accompagné de quelque douceur.
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