14.6.08
Jacqueries
Quimper-la-paisible, qui, d'ordinaire, regarde passer d'un oeil bonasse les manifestations, durant lesquelles les forces de l'ordre servent essentiellement à vous tenir la poussette pendant que vous ouvrez votre parapluie, Quimper, la belle endormie connait actuellement d'inhabituels soubresauts.
En un mois, deux sortes de populations s'en sont prises, ou s'en prennent à la sécurité publique : des femmes enceintes du centre Bretagne, que la fermeture des services de chirurgie et de maternité de l'hôpital de Carhaix laisse grosses-jeannes comme devant, et les marins bigoudens.
Deux populations dont le face-à-casque avec les CRS est pour le moins intéressant à observer.
On aurait pu penser que les premières soient plus propres à cantonner les virils hommes de compagnie dans une expectative prudente et sans heurts...
Faux. Sans doute parce qu'elles sont accompagnées de tout un pays. Le ravitaillement en tout genre serait même assuré par les véhicules municipaux.
Toujours est-il que les CRS n'ont pas hésité il y a dix jours a faire donner les gaz lacrymogènes. Les Carhaisiens, en attendant les études épidémiologiques sur les effets mutagènes des dits gaz, ont donc promis des canons.
Chose faite. On rigole dans le Poher, avec qui veut, mais pas de n'importe quoi.
La rencontre, ou plutôt l'absence de rencontre entre les marins et les forces de l'ordre est un spectacle d'une toute autre nature.
J'avoue que je suis partagée : je trouve injuste que le démontage d'un Mac truc ou le fauchage d'OGM vous mène au fichage génétique et à la taule, alors que la distribution, aux automobilistes, du rayon poisson surgelé de chez Pasclerc ou de chez Pirecard, ne vous vaut qu'une photo floutée dans le journal. Cela choque mon sens de l'équité.
Mais je trouve une certaine drôlerie, pour ne pas dire une drôlerie certaine aux manoeuvres des divers pandores pour être là sans y être, dès qu'il y a plus de deux marins à un giratoire.
De la voiture planquée à large six cent mètres, à la contemplation soigneuse et au dénombrement des fientes de goélands sur le toit de la préfecture, tout est bon pour échapper à un face à face trop direct.
Faut dire, qu'en face, c'est plutôt des jolis bébés. Pas nécessairement grands, ni gros, mais du genre à empiler trois caisses de trente kilos de poisson chacune et à avoir assez de souffle pour brailler "j'les mets où?". Alors, "j'te la mets où, ma main?", ça leur dit moyen aux cognes.
L'autre jour, un jeunot, un qui ressemblait au mignon légionnaire d'Astérix en Corse qui veut faire du zèle, a voulu s'interposer entre un marin et l'amas de trucs auquel ce dernier voulait mettre le feu. Il s'est juste fait repousser d'un coude parfaitement négligent avec un "tire-toi" d'une splendide désinvolture. Il a failli se dresser sur ses ergots, mais un collègue est venu lui dire quelque chose.
Alors, comme Sciencinfus, il a fini par comprendre.
Il est allé faire un rapport.
En trois exemplaires.
Je vous jure que je n'exagère pas. C'est drôle et inquiétant à la fois, comme un vent d'orage. Passagère crispation? Remontée corporatiste, comme un aigre renvoi, qui passera aux oubliettes? Ou bien prémices d'une colère plus profonde?
Décidément, les celtes, ces jours-ci...
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3 commentaires:
On ménage son fond de commerce ?
A Plusieurs on est plus fort , Quimper le conjugue , c'est plutôt réconfortant même si ces actions communes ne sont pas concertées .
Ça me rappelle une grosse manif à Québec où une centaine de jeunes avaient amené une catapulte et ont lancé sur les forces de polices une bonne centaine de toutous.
N'empêche que je suis bien content que les pêcheurs ne sortent plus, ça ralentit la course au dernier poisson.
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