9.2.08

Grammaire de la perte


Au plus aigu
Au coeur du déchiré
on voudrait que la douleur même reste entière
Intacte sur son fil tranchant
comme si ce qui pourrait
ce qui va nécessairement
s' émousser
emporterait avec lui
le vivant en nous

Aux enterrements
la première reddition
commence avec la première nourriture

regardez nous
Voyez la hâte chez celui-ci
précédant la perte
presque avidement
de peur de la subir,
le rictus avec lequel
il s'ampute

celui là
rué de tout son être
mendiant l'encore ou l'ailleurs
étreignant
ce qui dès lors
n'est plus
que la lointaine carte postale
d'un pays résilié


Cela, ce qui en en nous
s'arrime jusqu'au naufrage
ou détourne les yeux
ouvre les mains
en pleurant des larmes sèches
c'est peut-être notre plus intime mélodie
la plus personnelle de nos grammaires.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, si la grammaire est le squelette de la langue / ce qui nous maintient debout, vivant.

Tellinestory a dit…

ce qui, tout à la fois, nous porte et nous contraint...

Anonyme a dit…

Ce qui nous construit...

malie a dit…

...et ce que nous construisons...