5.2.07

Et je m'éloignerai m'illuminant au milieu d'ombres


Bien sûr, la foule. Cette chose sans couleur à pieds multiples, qui s'écoule ininterrompue, sans regard, sans autre odeur qu'un collectif fond de fatigue et de surchauffe, la foule que j'ai fui, qui érode si vite mes patiences, qui me bannit des endroits "faits pour", la culture , le sport, le loisir, la ration de soleil de l'été...
Bien sûr la foule. Mais quand même, ce bouquetin foutraque et discret qui teste son matériel de montagne dans son salon et ne dit ses chagrins qu'à mi-mots, cette fille du bord de mer qui vous pond des pastiches de Fréhel comme en s'en moquant et incise la douleur avec une sûre passion du verbe, cet ours perdu en ville qui plante son museau en l'air pour appeler le lac et les bois, cette semeuse de petits cailloux et d'amarres secourable, cette dame-là qui doit être enseignante si j'en juge son paquet de copies? Ah non, tiens, ce sont des recettes de confitures poétiques, et le dessin de cet enfant dont elle tente de faire dévier le destin programmé, et puis la dame qui enfourche un vélo retrouvé pour distribuer ses miettes de courage, aux proches comme aux lointains, le pêcheur d'images, celui là même qui se plante là d'un seul coup, laissant la foule continuer sans lui, parce qu'il a vu dans un coin ce qui avait échappé à tout le monde, et qu'il a déjà dans la tête l'autre image avec il va frotter celle-ci parce que, quand on s'y prend bien, ça fait des étincelles, et cette jeune fille toujours un peu perdue dans le métro, qui s'en va toute seule à Vanuatu, parce que les langues, c'est comme les baleines, ça doit pas s'éteindre.
Je ne sais pas si vous verrez cette dame qui, dans quelque chose comme ça, verra le fragment qui fait sens, ni le délicat poète-photographe, ces deux là effleurent pour mieux voir, et l'on ne voit qu'après-coup la trace de leur passage. Pas sûr non plus, que l'on repère sous le costume sage, le loup métaphysique, et de la blonde, l'oeil vif et sagace.
Mais ceux-là et quelques autres me réconcilient avec le flot.
Hep! Diogène! prend ta lanterne et un taxi, et viens voir dans ces parages...


(le titre cite Apollinaire)

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ca va, j'arrive, j'arrive…

Pierre-Léon Lalonde a dit…

Moi aussi, moi aussi ! ;-)

Anonyme a dit…

Bin didon! on a tous la même chose à dire!

Anonyme a dit…

Et que dire de celle-ci, qui nous permet de croire que tout n'est pas perdu et aide les oisillons à déployer leurs ailes ?
Elle sait lire entre les lignes de vie et nous touche droit au coeur...

Merci, Anita :)

Tellinestory a dit…

@ Diogène, Pierre Léon, Moukmouk : venez donc, les habitants sont pas bécheurs.
Les autres aussi on ne vous fera "beg merci m'eus ket ezhomm" (la bouche"merci j'ai pas besoin", bref la tronche.)

@ you: des bises. des vraies.